28 juin 2004

La paille dans l'oeil de son voisin...

Bush plaide pour une entrée de la Turquie dans l'Union européenne, ce qui n'est pas une mauvaise idée pour éviter que ce pays ne s'enfonce dans l'islamisme forcené. "Si le président Bush a vraiment dit cela, tel que je l'ai lu, et bien, non seulement il est allé trop loin, mais il est allé sur un terrain qui n'est pas le sien". Jacques Chirac considère que George Bush ferait mieux de s'occuper de ses affaires, lui ne donne pas de conseils sur le Mexique. Pardon ? Chirac et sa bande ne donnent pas des leçons au monde entier ? J'en reste sans voix, collectionnant depuis des années les discours moralisateurs de Villepin et al. Rappelons quand même que Chirac était content que les Etats-Unis interviennent au Kosovo il y a quelques années, bien que ce ne soit pas exactement la sphère d'action américaine "à quatre heures de Paris", comme on disait.

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24 juin 2004

Appel d'air
Un lecteur me demande ce que je pense du Manifeste de Beyrouth qui aurait fait grand bruit dans les journaux. Première constatation, je ne l'avais pas remarqué. Je me rends donc sur les quelques sites qui proposent cet appel et essaie de le lire attentivement. Deuxième constatation, je comprens pourquoi ce manifeste n'avait pas attiré mon attention. De belles paroles solennelles comme celles-là, on en entend tous les jours et au bout d'un moment on devient assez blasé, comme tous les Libanais. D'abord le style est mauvais, mais on peut passer dessus, il s'agit d'une traduction de l'arabe. Ensuite le contenu est digne d'un discours de Miss Monde, c'est-à-dire, on est contre la guerre, le racisme c'est pas bien, il faut s'aimer, ouais tu vois, c'est tellement mieux, imagine un monde où on serait tous frères. J'ai l'air de me moquer, ce qui est vrai, mais c'est pour dire qu'il n'y aucune proposition concrète dans cette liste de bons sentiments. Je reprends quelques phrases : "Nous prenons position contre toutes les stratégies d'affrontement, aussi bien celles fondées sur des croyances culturelles ou des idéologies nationalistes que celles basées sur des projets d'hégémonie.". Cela impliquerait une totale remise en question du Liban, voeu pieux donc impossible.

Nous voulons parvenir avec les Syriens à un compromis historique pour mettre fin, une fois pour toutes, à tous les conflits, à toutes les querelles et à tous les malentendus qui continuent d'empoisonner nos relations depuis plus d'un demi-siècle !

Nous voulons vivre en paix avec eux dans le respect de la souveraineté et de l'indépendance de chacun de nos deux pays !

Nous voulons dire à nos frères palestiniens que nous avons définitivement tourné la page de la guerre dont nous avons tous été victimes.


Comme vous pouvez le constater vous-mêmes, tout cela est bel et bon, mais on peut se demander qui les auteurs de ce manifeste représentent, car des Libanais qui haïssent les Syriens et qui n'ont pas pardonné aux Palestiniens, on en dénombre quand même une quantité importante voire majoritaire. Le représentant de ce texte n'est autre que Samir Frangié, porte-parole du groupe de Kornet Chehwane, un rassemblement politique hétéroclite d'opposition dont j'avais déjà parlé ici. Kornet Chehwane, c'est la politique à la Iznogoud, être calife à la place du calife, donc critiquer tout ce que fait le gouvernement mais n'avoir aucune proposition de rechange, à part dire que tout serait mieux si on était au pouvoir, et une fois au pouvoir, faire la même chose. Frangié et les "coauteurs" de ce texte ne prennent donc aucun risque, puisque le manifeste de Beyrouth apparaît comme un appel à la paix plein d'humanité et de mains tendues. Je trouve personnellement, en connaissant un peu les hommes politiques du cru, que c'est de la manipulation à l'attention de l'International, qui peut-être se dira qu'il s'agit là d'hommes de bonne volonté. Du concret, messieurs les beaux parleurs, du concret, d'autant qu'une grève générale se dessine pour la fin du mois pour protester contre la vie chère, et qu'on peut parier qu'il y aura des morts de nouveau, hélas, dans un pays où le salaire mensuel moyen équivaut à la note de frais de déjeuner d'un lobbyiste ou d'un consultant chez KPMG.

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23 juin 2004

Appel à techies
Sachant que j'ai parfois des visites ambigues (comme ce gouv.fr à 5:37:28 pm) comment savoir avec précision quelles pages sont lues et forcer l'identification de l'origine IP ? Et y-a t'il un moyen efficace d'empêcher la lecture à un groupe de domaines ? Que les techies qui ne comprennent rien à ce que j'ai écrit m'envoient un email. Je dis sûrement des conneries mais je me comprends, le but étant bien sûr de se faire comprendre.

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Enfin un peu de reconnaissance

J'ai reçu ça au courrier aujourd'hui. J'en suis encore tout chamboulé et compte bien me faire anoblir un jour par cet éminent personnage.

Dear Mr Sil,

The President of the Rebuplic of Labanan, General Aka Sket congratulates you on
your initiative called "a slip in Labanan" .
Your web site is a living proof of the skills of foreign residents of Labanan ,
denying all misconceptions that labanese youth might have about their country.
His Excellency appreciates your efforts aiming at the promotion of the
Labananese culture abroad, and encourages you to keep up the good work.

Sincere lie,

Baron Sunnic of Thownbread

Minister of his interior


Merci Baron, quel bel homme !

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Venez au Liban (mais sans keffieh)

J'en arrive peu à peu à la conclusion que je n'arriverai pas faiclement à quitter ce pays, malgré les ennuis quotidiens et le manque de perspective dans un Liban toujours en guerre avec son voisin du Sud et sous tutelle de son voisin de l'Est. Je connais des Français qui sont arrivés ici il y a trente ans et qui n'en sont jamais repartis, malgré la guerre. Et je comprends pourquoi. Je n'arrive pas à définir le charme du Liban, pas encore, peut-être plus tard je vous ferai un post là-dessus. En attendant, sachez que je critique encore et encore le gouvernement ou les abrutis sur la route, mais je ne donnerais pas ma place aujourd'hui, surtout pas pour rentrer à Paris.

Est-ce une bonne idée de venir au Liban ? La saison touristique bat son plein, et les articles sur la question fleurissent dans la presse. L'Orient-le jour nous gratifie de son analyse, en interrogeant quelques visiteurs, notamment cette dame dont les réflexions me font sourire :

Si le pays offre au touriste arabe d’innombrables avantages, certains aspects le dérangent néanmoins. « Les routes dangereuses, le mauvais entretien des sites archéologiques, les plages de sable jonchées de détritus, tout cela est bien désagréable », observe une jeune femme saoudienne, vêtue à l’occidentale. « Mais le plus gênant, ajoute-t-elle, est cette impression que l’on a d’être tout le temps carottés. Pourquoi les prix ne sont-ils pas fixes dans les boutiques ? Pourquoi devrais-je payer un maillot de bain 400 dollars, alors qu’il est proposé à la femme libanaise à 100 dollars ? » demande-t-elle, excédée par l’opportunisme de certains commerçants. Et d’ajouter que de nombreux Saoudiens ne viennent plus au Liban, à cause de cette désagréable impression d’être mal reçus, mais aussi mal jugés par les Libanais. « Il faut savoir que le peuple saoudien est susceptible », dit-elle. Ces mots parlent d’eux-mêmes, plus besoin d’en dire plus.

Notez que lorsqu'un Libanais parle des "Arabes", il ne s'inclue pas dans ce groupe qui désigne les "Bédouins" du Golfe en particulier. Les Saoudiens sont susceptibles ? Et les Libanais alors ? Les richissimes habitants d'Etats pétroliers se pavanent ici en terrain conquis, pensant que l'argent achètera le respect, un doux rêve dans un pays où les habitants ont été occupés par des puissances étrangères en permanence. Moi aussi j'ai été arnaqué. Cela fait partie du jeu. Alors chère madame, vous paierez votre maillot de bain 400 $, moi (évidemment pas le même) 200 et les Libanais 100. C'est la mondialisation et la répartition des richesses à la Libanaise.

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22 juin 2004

La chasse aux 4x4 est ouverte !!
Vive la France, et vive Ken le rouge !

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21 juin 2004

Autoflagellation

Par rapport à mon post précédent, je pense qu'effectivement les affaires du Moyen-Orient devraient être expliqués plus en détail aux Américains et aux Européens, mais pas par des lobbies. Voici une nouvelle parue dans l'Orient-le Jour, qui ne manque pas de saveur :
Hier, douze militants propalestiniens américains ont rencontré à Tyr cheikh Nabil Qaouq, responsable du Hezbollah au Liban-Sud.
Accompagnés de membres de la milice du Hezbollah, ces Américains se sont ensuite rendus à l’ancien point de passage de la porte de Fatmé, dans le village de Kfar Kila, d’où certains ont lancé des pierres vers Israël.
« Nous rendons visite au Hezbollah parce qu’il a une cause (à défendre) et qu’il combat pour libérer sa terre », a indiqué à l’AFP Hala Gorssy, une avocate américano-palestinienne, en référence aux opérations du Hezbollah dans le secteur contesté des fermes de Chebaa.
Mme Gorssy a également indiqué que la visite du groupe était destinée à « vérifier les conditions de vie des réfugiés palestiniens et à regrouper des renseignements pour un documentaire afin de montrer à l’opinion publique américaine qu’ils (les Palestiniens) défendent une cause ».
Le groupe d’Américains s’est rendu plus tôt dans des camps de réfugiés de Beyrouth et au Liban-Sud, a indiqué Ghassan Hbeichi, de l’Organisation palestinienne de défense des droits de l’homme, qui accueille la délégation au Liban.
Selon lui, des avocats, des conseillers juridiques et des cinéastes figurent parmi la délégation.


On confond tout ici. Le Hezbollah a pour objectif la destruction d'Israël et la mise en place d'une république islamiste au Liban. S'il s'entend avec les Palestiniens (plutôt laïques) c'est parce qu'il partage le même ennemi, et ont le même objectif à court terme. Quant à libérer sa terre pour le Hezbollah, arrêtons avec cette vieille blague : nous parlons du secteur des fermes de Chebaa, qui appartiennent à la Syrie selon les cartes de l'ONU, mais qui servent de prétexte à des escarmouches entre Hezbollah et armée israélienne. Ce romantisme effréné risque de se retourner contre ces braves Américains qui sont venus en toute bonne conscience et dont la démarche est louable (se rendre compte) mais dont la préparation me semble assez brouillonne. Peut-être est-ce l'oeuvre de l'ADC ? J'attends avec impatience la lettre de mise en demeure que ce groupe m'enverra, à la manière de mon avocat haineux l'an dernier. Les combattants de la liberté d'expression ne chérisse rien moins que leur propre version des faits.

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Le fameux lobby arabe

Grâce à une lectrice, je suis allé voir le site d'un lobby "pro-arabe", le American-Arab Anti Discrimination Committee (ADC). Vous savez à quoi servent les lobbies : à faire de la propagande pour une cause et à influer directement sur les hommes politiques chargés des décisions juridiques. Voici le résumé de la situation entre Israël et les Palestiniens, qui je pense permettra de mieux comprendre le problème. Comment, vous trouvez que c'est un résumé orienté ? Vous n'avez donc pas touché votre petite enveloppe de la part de l'ADC ?

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19 juin 2004

Un peu de pub pour les collègues

Allez, c'est la tendance de citer d'autres blogs dans son propre blog pour donner des conseils de lecture. Il y a assez peu de blogs sur le Liban fait par des gens qui y habitent, la plupart sont l'oeuvre d'expatriés libanais. J'ai remarqué toutefois celui-ci, qui présente l'avantage d'être graphiquement réussi, et assez complet, avec évidemment le problème que la jeune fille qui l'a élaboré a du mal à voir le Liban tel qu'il est et non tel qu'il l'entoure. Un exemple : elle fait elle-même le jeu des questions-réponses sur le pays, en anticipant d'éventuelles absurdités que l'on pourrait proférer :

How come your English is so good?

Languages are a Lebanese specialty. I studied in a French system school, so that from first grade I was taught both French and Arabic as first languages. In seventh grade English classes are introduced, and by the time we graduate we are perfectly fluent in all three. However, long before we take English in school, we all have solid notions of it thanks to the abundance of American movies and music we are exposed to. This is one of the advantages of being fully open to Western productions. English system schools have English instead of French as a first foreign language. To find out more about our language education, read my article "Don't present in three languages!" or the question of language in Lebanon.


Hmm, passons sur l'autocongratulation (mais c'est vrai ça, comment se fait-il que votre anglais soit tellement, comment dire, génial ?), la "trilinguité" libanaise est un mythe, seule une minorité basée principalement à Beyrouth maîtrise vraiment les trois langues, et c'est l'apanage d'une classe sociale éduquée et le plus souvent aisée. Cette jeune fille vient de l'université américaine de Beyrouth (AUB) où il vous en coûtera au bas mot 10 000 $ par an pour faire vos études, ce qui n'est pas à la portée de tout le monde. Quand à être complètement ouvert aux productions occidentales, elle oublie de parler de la censure très brutale, et de l'antiaméricanisme violent qui sévit dans ce pays, notamment à l'AUB, une bonne université, mais ouvertement antisémite et dont le système démocratique est pour le moins étrange.

Ainsi les anciens de l'AUB ont récemment été contacté par SMS lors d'élections qui impliquaient plusieurs listes, puis ont eu la surprise de recevoir un dernier SMS leur expliquant "All candidates except the alumni group have withdrawn their candidacy. No need to vote as the Alumni Group has won. Thank you for your support. The Alumni Group". Il est vrai que ce genre de démocratie existe à la tête de l'Etat, et qu'il est difficile de se sortir d'une certaine idée du Liban.

Néanmoins, le blog précité visiblement est apprécié puisque l'auteur reproduit un mail qui lui est adressé venant du chef de l'Etat :

These were (spontaneously) presented to me for CedarSeed or for the old site, The Quill and the Brush.

It is with much joy that I post the following email I received on 20/2/2002 from the head of the country:
Dear Mrs. Joumana Medlej,

The President of the Republic of Lebanon, General Emile Lahoud congratulates you on your initiative called CedarSeed.
Your web site is a living proof of the skills of the Lebanese youth. It reflects a beautiful image of Lebanon, denying all misconceptions that foreigners might have about our country.
His Excellency appreciates your efforts aiming at the promotion of the Lebanese culture abroad, and encourages you to keep up the good work.

Sincerely,

Colonel G. R.,
Office Director.


Là, c'est sûr que je ne peux pas m'aligner. Peut-être que Villepin pourrait me faire un petit coucou aussi un de ces jours, que je l'exhibe fièrement sur ce blog. Ou bien le président syrien. Enfin, n'importe qui de puissant et d'honnête, quoi. Moi aussi je dis du bien du Liban.

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17 juin 2004

Cela commence, et cela va continuer

Eric Fottorino se lâche sur Villepin et sa décision de sanctionner Noël Mamère :

On avait connu M. de Villepin dans l'habit du diplomate habile face aux va-t-en-guerre de l'administration américaine. On le retrouve à contre-emploi, en adepte de l'arme lourde face au maire de Bègles, dont les convictions et les pratiques sont tout sauf infamantes.

Vous allez voir, au ministère de l'Intérieur, il sera plus difficile de dissimuler le danger que représente Villepin. Ce blog continue d'être une chronique fidèle des aventures de l'aristo le plus dangereux de France.

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Jésus revient ! (encore...)

A l'heure où je vous parle, on tire des feux d'artifice, on défile dans la rue, on chante ce qui ressemble à des refrains religieux, on joue de la musique militaire et on allume des bougies dans des sacs de sable qu'on dispose sur les immeubles. C'est très chiant. Qu'est ce qui se passe donc ? Je ne sais pas exactement, mais sûrement encore une connerie pour que les Chrétiens réaffirment leur appartenance communautaire. Jésus est mort, alors il faut le laisser tranquille maintenant.

Ce que le Liban m'aura confirmé, c'est que toutes les religions sont nuisibles.

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16 juin 2004

Le génie indien

Avez-vous vu dans l'émission "Compléments d'enquête" de France 2 cette incroyable invention d'une professeur indienne qui permet de transformer des sacs plastiques en carburant ? C'est proprement incroyable. Et très encourageant. Après les moteurs qui fonctionnent aux énergies "alternatives", voici une excellente solution à nos problèmes de pétrole. Ceci dit, j'ai peur que cela encourage les propriétaires de 4x4 à continuer à polluer allégrement notre planète.
Vous avez remarqué juste après dans la même émission ? Depuis qu'il est ministre de l'environnement, Serge Lepeltier n'a plus de moustache. C'est vrai que pour un ministre, cela ne faisait pas sérieux...

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15 juin 2004

Vox Populi

A chaque problème, sa solution. Le Monde de lendemain d'élection nous apprend que :

le vrai vainqueur du scrutin est le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP) emmené par Robert Kilroy-Silk. Cette formation radicalement antieuropéenne, qui milite pour le retrait de la Grande-Bretagne de l'UE, arrive à la troisième place, avec 16,8 % des voix, devant le très proeuropéen Parti libéral-démocrate (15,1 %) de Charles Kennedy.

Lorsqu'un couple ne s'entend plus, il faut qu'il se sépare. Il faut dire que la Grande-Bretagne et l'Europe s'étaient mariés sur un coup de tête, un élan de passion bien vite oublié devant la routine de la vie à deux. Le peuple demande le retrait de l'Angleterre. Soyons courageux. On trouve bien des maires médiatiques pour marier deux hommes. Où trouver la bonne âme qui prononcera le divorce d'avec la perfide Albion ? (Ceci dit, 2-1, même si on n'aime pas le foot, ça fait quand même plaisir contre les Brits)

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Fin d'alerte

Mesdames et messieurs, iufm.fr s'est identifié tout seul. Le blog reprend son cours. Merci.

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13 juin 2004

La blague du jour :

Les élections européennes représentent un enjeu important.

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12 juin 2004

La France, pays des droits de l'homme, et ses amis

Le president français Jacques Chirac s'est réjoui de la signature vendredi matin à Matignon, de neuf accords commerciaux et de coopération entre la France et la Chine, pour plus de deux milliards de dollars, dont la vente de 20 Airbus A330, a déclaré le porte-parole de l'Elysée. Selon ce porte-parole, le président français a tenu ces propos lorsqu'il a reçu à l'Elysée le vice-Premier ministre chinois Zeng Peiyan, actuellement en visite en France.

Je prends le pari que si les Etats-Unis voulaient s'attaquer à la Chine pour quelque raison que ce soit, Chirac se battrait pour que l'on n'attaque pas cette grande civilisation qui traite si bien ses dissidents et prend en compte les aspirations de sa population. Dans la United Countries of Faux culs, on pourrait mettre quasiment tous les pays dits développés.

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11 juin 2004

Avertissement sans frais
Je préviens aimablement iufm.fr que si je n'ai pas d'emails m'expliquant les fréquentes visites journalières que je reçois de sa part, je prendrai les mesures qui s'imposent (ping !)

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Les promesses n'engagent que ceux qui y croient

La récente décision d’interdire les partis politiques en Syrie porte un coup dur aux promesses de réformes faites depuis quatre ans, au moment où les services de sécurité sont omniprésents dans le pays, estiment analystes et militants des droits de l’homme, cités par une dépêche de l’AFP datée de Damas.
La direction du parti Baas, au pouvoir depuis plus de quarante ans, a pris la décision d’« interdire toutes les activités politiques, culturelles et de presse » des partis non autorisés officiellement, y compris kurdes, sous peine de poursuites judiciaires, avait indiqué lundi l’avocat et militant pour les droits de l’homme Anouar Bounni, avant de poursuivre que cette décision est « sans valeur légale, puisque décidée par un seul des partis présents sur la scène syrienne ». Cette mesure concerne des partis politiques et des mouvements des droits de l’homme qui étaient tolérés jusqu’à présent. Elle intervient alors qu’une loi visant à leur conférer un statut légal est « fin prête depuis plus d’un an », mais qui, selon le politologue et écrivain Michel Kilo, ne va pas être appliquée.


Tiré de L'orient le jour d'aujourd'hui, la preuve, s'il en fallait, que la Syrie continue à jouer avec les nerfs de tout le monde, en prétendant libéraliser pour éviter les sanctions de la communauté internationale tout en continuant à être une des dictatures les plus attardées du monde. A part ça, le Liban va être obligé de lui acheter de l'énergie, sinon, une fois de plus, on risque de se retrouver dans le noir cet été (rappelons que les camps palestiniens, les ministères et toute la région du Sud ne règlent pas leur électricité, laissant ça aux cochons de payants)

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09 juin 2004

Dressed to kill

L'ancien président Hraoui publie un livre prochainement dans lequel il règle ses comptes. L'Orient-le Jour revient sur quelques-uns de ses propos, notamment sur l'armée libanaise :
Estimant que l’armée avait grevé le budget de l’État, l’ancien président a enfin indiqué que les officiers touchaient des salaires très élevés alors que l’institution militaire ne se bat contre personne.

L’armée répond
Commentant les propos de M. Hraoui, le commandement de l’armée a souligné dans un communiqué que l’institution militaire « n’a jamais constitué un poids financier pour l’État ».
« Les sacrifices consentis par les militaires (...) ne se mesurent pas en termes monétaires », ajoute le commandement militaire, qui souligne que « les acquis obtenus au plan de la sécurité, du fait de l’action de l’armée, sont le fondement sur lequel s’est édifié le chantier de la reconstruction et de la vie politique ».


Bon, assez ri. L'armée libanaise coûte environ 17% du PIB libanais, ce qui est presque un record en soi. Les militaires ont accès à des clubs privés luxueux, plus chauffeurs à vie pour les officiers, bons d'essence, et sécurité sociale. Normal direz-vous pour des gens qui sont prêts à donner leur vie pour leur pays. Sauf que l'armée n'assure que des missions de police, le Hezbollah se chargeant de tracasser Israël militairement. A quoi sert l'armée libanais alors. Simple, à faire marcher le commerce. Et c'est déjà beaucoup.

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08 juin 2004

Judo syrien

Une stratégie de propagande consiste à utiliser les termes et les concepts de l'ennemi, et de les retourner contre lui. Dans ce court extrait d'un article publié par le Daily star libanais hier, Bouthaina Shaaban, ministre syrienne des expatriés retourne le concept d'antisémitisme, terme fréquemment employé à juste titre contre le régime syrien, pour revenir à son sens originel (signifiant contre les Arabes et les juifs) et en accuser ainsi les puissances occidentales en particulier les Etats-Unis.

"Thoughtful observation of events in Palestine and Iraq show that the real issue is not one of faulty information sources, because US Intelligence and the US administration are not that naive. Neither is it a failure in media courage and verifying facts, because the US media apparatuses are not that feeble. The issue is deeper and more dangerous than this. It is a phenomena where Western anti-Semitism is transforming from its conventional form into a new one, where in the 21st century the Arabs have been officially chosen as the new victim, one country after the other, one people after the other - falling victims to hatred, killing, ethnic cleansing, torture, and massacres under the pretext of a multitude of reasons and justifications, including terrorism. They are not much different from the pretexts used in the past, and cannot conceal from the observant researcher that at their very essence they are but different expressions of anti-Arabism and hostility to Arab culture and existence."

Bon sang mais c'est bien sûr ! Ce sont les Américains les antisémites puisqu'ils ont déclaré la guerre à tous les Arabes.

Ce qui me dérange surtout, ce n'est pas cette rhétorique, habituelle chez les Syriens qui ont été les bons élèves des Soviétiques. C'est plutôt que le Daily Star, quotidien anglophone plutôt de bonne réputation, laisse paraître ce genre de stupidités dans ces pages, comme s'il cautionnait la propagande syrienne.

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07 juin 2004

Enfin !!!

Vous pouvez me trouver bizarre, mais je me suis inquiété de ne jamais recevoir de mails d'insultes par rapport à mon blog (à l'exception de l'avocat défenseur des droits de l'homme prêt à me faire rendre gorge pour l'avoir égratigné). Je me suis donc fréquemment demandé si je n'étais pas trop consensuel, ou si finalement je n'étais pas lu du tout. Aujourd'hui je reçois enfin un mail qui n'est certes pas d'insultes, mais qui me rentre dedans, et va me permettre de m'expliquer par la suite. D'abord, une copie intégrale du mail (moins évidemment le nom et l'adresse de la jeune fille) :

"La jeunesse libanaise alors qui préfère s'exiler en France ou aux Etats-Unis
où la vie est plus douce, mais qui se perd dans des atermoiements sur son pays
d'origine et des critiques cinglantes sur son pays d'accueil ?"

Que lui conseillez-vous donc de faire, a cette jeunesse Libanaise paumee?
Rester au Liban avec un travail qui ne rapporte que dalle (par experience,
j'ai constate que les Francais etaient toujours mieux payes au Liban que les
Libanais. Surtout pour les postes d'enseignement)? Rester au Liban et subir
son systeme de castes (que vous avez si bien decrit d'ailleurs)? Rester au
Liban avec cette societe patriarcale intolerable qui met 36000 barrieres a
toute ambition de service civique?
Ou bien rentrer au bercail et changer tout ca d'un coup de baguette magique?

Meme si un pays d'origine nous devient invivable, ca ne veut pas dire qu'on
n'y a jamais passe de bons moments. C'est comme avec des ex. On peut passer
notre temps a bruler leurs photos et a pratiquer des rituels voodoos, mais ca
ne veut pas dire qu'on n'aimerait pas revisiter quelques morceaux choisis du
passe.
Et en ce qui concerne critiquer le pays d'accueil, ben desolee, c'est humain.
Vous le faites egalement quand vous attaquez Et le Liban Et la France.

Je perds le fil de mes ecrits, mais je veux juste vous demander une seule
chose: ne mettez pas la jeunesse libanaise expatriee dans le meme panier SALE
que Hariri, Aoun ou ce connard d'avocat qui vous a cherche des noises.

A part ca, je me suis toujours demandee ce qui vous a amene au Liban.

Bonne journee,


Dont acte. Ce que je conseille à la jeunesse libanaise ? De choisir son camp et de s'y tenir. Je sais très bien que c'est difficile d'être jeune au Liban, mais au moins on est chez soi. Un Libanais en France, c'est un Arabe de plus. Et aux Etats-Unis, un terroriste en puissance. Ne croyez pas qu'être français au Liban soit une sinécure, lorsqu'on ne fait pas partie d'une grosse boîte, on est au même niveau que les travailleurs syriens ou les Palestiniens et souvent traité comme tel. En fait, ce qui m'a inspiré cette réflexion sur les jeunes libanais est le courrier des lecteurs de l'Orient le Jour, où une jeune étudiante en DESS de droit à Paris ne cesse de se contredire dans ses missives. Je critique le Liban ET la France parce que, pauvre de moi, je paie des impôts dans les deux pays, ce qui me permet de m'exprimer ouvertement sur la situation. Chère amie, depuis votre pays que je suppose anglo-saxon, vous vous dites que vous avez certainement de bonnes raisons d'avoir abandonné le Liban, et je n'en doute pas. Moi j'ai trouvé, pour répondre à votre dernière question, que je pourrais être plus utile dans ce pays que dans le mien, qui se fout aussi de sa jeunesse. Voilà pourquoi je suis ici.
Merci pour votre email, et mes colonnes vous sont ouvertes.

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05 juin 2004

Jésus revient ?

Par rapport à mon post précédent, ce commentaire assez navrant d'un homme pourtant assez admirable, le chef des maronites libanais :

De fait, Mgr Sfeir a souligné hier la gravité des événements de la semaine dernière en déclarant : « Les manifestations qui ont récemment eu lieu illustrent la gravité de la crise socio-économique dont le peuple est victime. Ces manifestations ont failli dégénérer en insurrection. Dieu nous en a protégés, mais le risque existe toujours. »

Heureusement que Dieu était là. Quand on compte sur Dieu, on oublie les hommes, et on obtient le Liban.

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La phrase du jour

La plupart des observateurs, locaux ou étrangers, s’accordent pour estimer que le problème du Liban, plongé dans une lourde récession, est en réalité bien plus politique qu’économique.

Tiré d'un article de l'Orient-le jour, cette phrase me semble frappé au coin du bon sens. Mais il fallait bien un article pour répéter que le Liban dispose de tout, absolument tout pour être un grand pays moderne, mais qu'il a malheureusement choisi la voie de son maître, et qu'il s'enfonce dans la médiocrité grâce à ses politiciens incapables et son système communautaire qui, avouons-le, n'est pas sans rappeler les castes en Inde. Imaginer qu'il faut avoir la bonne religion pour postuler à nombre d'emplois est intolérable. Qui va changer tout cela ? Le général Aoun depuis son appartement parisien ? La prochaine élection présidentielle télécommandée par la Syrie ? Le milliardaire Hariri en cheville avec tout ce qui compte d'escrocs y compris notre président français bien-aimé ? Le petit avocat qui me cherchait des noises il y a un an parce que j'avais osé trouver que sa littérature n'est pas bonne ? Sûrement pas. La jeunesse libanaise alors qui préfère s'exiler en France ou aux Etats-Unis où la vie est plus douce, mais qui se perd dans des atermoiements sur son pays d'origine et des critiques cinglantes sur son pays d'accueil ?

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Fin d'alerte

Mesdames et messieurs, Noos.fr s'est identifié. La recherche sur iufm.fr continue. Merci de votre attention. Le site reprend dans des conditions normales.

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04 juin 2004

Mariland

Je suis content que l'on soit enfin en juin pour une seule mais bonne raison : cela signifie que le mois de mai est fini. Et avec lui, la fin du mois de Marie, vous savez la mère de Jésus vénéré par les Vaticanistes. Pendant un mois, on a eu droit dans mon immeuble à de l'encens qui fumait sur l'autel de Marie (je sais ça paraît bizarre mais c'est très fréquent d'avoir des idoles dans les halls d'entrée au Liban), des mini-messes quotidiennes devant la statue, des compositions florales assez moches et surtout la fameuse parade de nuit des pélerins qui se rendent à Harissa, là-haut sur la montagne. Imaginez qu'en pleine nuit vous soyiez réveillé par des chants. Vous vous levez, vous penchez par-dessus le balcon et là, vous voyez des centaines de flambeaux portés par des centaines de personnes en pleine dévotion qui se rendent à la messe ultime pour Marie. Mal réveillé, la première fois, j'ai pensé qu'il venait me brûler en tant qu'hérétique.

Cela fait peur. Et on ne s'habitue pas. Heureusement, aujourd'hui, pour rétablir la balance, on a inauguré la enième mosquée du centre ville. Dans un pays où les gens se font tuer parce qu'ils manifestent devant la cherté de la vie, c'est vrai, il faut plus de mosquées et d'églises.

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noos.fr 8:32:34 pm 6 48:49

D'habitude, le vendredi, je regarde mes statistiques de visite, et bon an, mal an, j'ai quelques visiteurs qui restent un peu et me font la gentillesse de me lire un ou deux posts. Mais aujourd'hui, ça a été l'invasion, avec M. Noos qui a été jusqu'à rester 48 minutes ! Pourquoi ? Qu'ai je dit ? Est-on à mes trousses ? Suis-je repéré ? Je cours m'achter un verrou solide au BHV au cas où la polizei débarque chez moi au petit matin.

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03 juin 2004

Conneries

Beyrouth accueille le sommet de l'OPEP qui va remonter sa cadence de production. Et si on se posait plutôt la question de comment se passer de pétrole et trouver des alternatives moins polluantes, qui auraient l'avantage de ne pas soutenir des régimes ignobles comme l'Arabie saoudite ?

De leur côté, les Français se posent des questions passionnates sur la manière d'accueillir George W. Bush à l'occasion des célébrations du D-Day. Certains ont trouvé la solution :

Vendredi matin, François Hollande «s'adressera aux Etats-Unis» à l'occasion d'une conférence de presse un peu exceptionnelle où seront présents notamment des jeunes démocrates américains. «Nous souhaitons un changement de président aux Etats-Unis», souligne Moscovici. Une prudence qui ne convainc pas Pauline Guinchard-Kunstler, députée PS du Doubs et ancienne secrétaire d'Etat de Jospin : «Bien évidemment, je manifesterai. Je ne reconnais aucune légitimité à Bush.»

"Nous souhaitons un changement de président aux Etats-Unis" : ça ne vous rappelle rien cette arrogance ? Remplacez président aux Etats-Unis par "représentant de l'autorité palestinienne" ou par "président de l'Irak" ou n'importe quel leader. "Je ne reconnais aucune légitimité à Bush". Ha bon. Fort bien. Un président élu n'a aucune légitimité pour nos braves Français. Peut-être devrait-on faire voter les socialistes aux prochaines présidentielles américaines, ou demander aux Libanais de participer au scrutin sur les Européennes. Tant qu'à être dans la connerie (on fait fort en France)...

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02 juin 2004

Reprise

Je sais que c'est long, mais voici un article de qualité repris de L'Orient le Jour. Oui, ça arrive parfois que ce quotidien francophone propose autre chose que des articles anti-américains ou contre la politique du gouvernement. Pour fêter ça, et parce que le lien risque de ne plus être actif au bout d'un temps trop court, voici l'article en intégralité, sans même s'embarrasser de demander la permission. Essayez d'aller jusqu'au bout, c'est réellement intéressant.

Parallèles - La bataille de la communication perdue par défaut

"Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on s’est mis à mettre des mots sur des choses qui ont toujours existé. Sans être bien reconnues ou définies. Par exemple, en sport, le sponsoring. En économie, la flexibilité. En géopolitique, l’épuration ethnique. En sciences, la complexité. Et en tout, la communication, dite com.
Un support indispensable, souvent même décisif, dans la quasi-totalité des champs de l’activité humaine. Et une arme de défense, de déviation autant que d’attaque pour toutes les stratégies. Commerciales, sociales, militaires, religieuses, diplomatiques...
Incroyable mais vrai : aujourd’hui encore, cet instrument capital, les Arabes n’en soupçonnent que vaguement l’importance. En fait, dans la pratique, et dans l’histoire, un seul de leurs leaders, Abdel Nasser, a su en user. En offrant, par exemple, des transistors à ses fellahs. Et en envahissant le monde arabe avec sa fameuse radio Saout el-Arab. Mais ses visées n’allaient pas plus loin. Par une sorte d’aveuglement et de surdité fatals, il était absolument interdit dans les années soixante, et dans le monde arabe, d’évoquer le nom d’Israël. Résultat immédiat autant que prévisible : la guerre des Six-Jours. À l’issue de laquelle Nasser avouait piteusement : « Nous les attendions à l’Est, ils sont venus de l’Ouest. » Une défaite du renseignement ? Certes. Mais comment ne serait-il pas faible lorsque la communication, qui provoque automatiquement des échos, est tout simplement niée. De fait, si la revanche partielle de 73 a pu avoir lieu, c’est parce qu’on avait enfin levé l’ahurissant tabou. Et qu’on était du même coup mieux éclairé sur l’ennemi.
La leçon, sans être tout à fait oubliée, s’est engluée au fil des années dans une paresseuse routine. Le conflit se poursuit, âpre et compliqué. Avec en perspective, pour ce malheureux petit pays que nous sommes, le lourd fardeau de l’implantation. Un tribut payé à l’insouciance d’un camp arabe qui continue à se pénaliser lui-même. Par ses désunions. Mais aussi en se privant de ce bouclier primordial, en droit comme en diplomatie, qu’est l’argumentaire, fruit du couple renseignement-communication.
Le renseignement, il est là, sous les yeux. Et les Arabes ne le voient pas. En effet, au fil des ans, des documents israéliens essentiels se trouvent déclassifiés. Et rendus publics à travers les analyses juives ou occidentales, comme dans des ouvrages d’historiens. Or sur ce dossier, dont la Ligue aurait dû se saisir en nommant une commission de scrutateurs, il n’existe jusqu’à présent aucun commentaire, aucune exploitation arabes autorisés !
Pourtant ce qu’on y apprend est grave, bien sûr puisque drame il y a, mais surtout accablant pour la cause sioniste, si tant est qu’on peut l’appeler ainsi. Dans un article confié en mai dernier à la revue Historia, une sommité de la question hébraïque, Richard Lebeau (auteur d’un Atlas historique des Hébreux, éditions Autrement, 2003), se fait le porte-voix d’historiens israéliens. Qui observent que la vraie vérité sur la guerre fondatrice de 1948 se situe à l’exact opposé des thèses défendues jusque-là. Notamment par rapport à l’expulsion des Palestiniens, qui ont abouti chez nous. Israël rejetait toute la responsabilité dans ce domaine sur les Arabes et sur les Palestiniens eux-mêmes. Or les chercheurs israéliens (Simha Flapan, Tom Segev, Avi Schlaim, Ilan Pappe, Benny Morris) démystifient totalement le mythe initial. Non, 48 n’a pas été un miracle divin en faveur d’un freluquet affrontant un adversaire colossal, un David face à un Goliath. C’est le contraire. Les documents mis au jour prouvent qu’Israël est parti en guerre avec la certitude de vaincre. Parce qu’il était économiquement bien mieux outillé. Et surtout parce que, tout simplement, il disposait en mai de 35 000 combattants bien armés, face à 25 000 Palestiniens mal équipés, formant des troupes hétéroclites. L’écart se creuse très vite : en décembre, Israël aligne quelque 97 000 soldats.
Sa supériorité est confortée par les divisions arabes. Et (encore une fois incroyable mais vrai) par le refus des Arabes de voir se créer cet État palestinien qui est devenu aujourd’hui leur rêve. À l’époque, l’Égypte se méfie d’Abdallah (l’aïeul) de Jordanie. L’Arabie saoudite aussi, car elle vient d’expulser les Hachémites de La Mecque. La Syrie également a maille à partir avec la Jordanie comme avec l’Irak. Non sans raison, du reste : Abdallah négocie secrètement avec les Israéliens pour rafler la Cisjordanie.

Le cœur du problème
De ce magma, et de leur pays, sortent les réfugiés palestiniens. Selon Israël, ils seraient pour la plupart partis volontairement. Appelés par des dirigeants arabes qui leur promettaient un proche retour triomphal. Aussi illogique, aussi insensée qu’elle soit, cette version a tenu jusqu’à la déclassification des documents, entamée dans la deuxième moitié des années 80, et toujours en cours. On y apprend que le plan sioniste, inspiré des recommandations faites dès 1895 par Herzl, prévoyait un déplacement de population bien avant 1948. Notamment par des razzias terroristes et par des massacres perpétrés par l’Irgoun de Begin ou le Lehi de Shamir. Comme Deir Yassine, en avril 48, en lever de rideau sanglant de l’indépendance israélienne. Ce crime abominable donne le résultat escompté : les 90 villages arabes de la contrée sont désertés par une population prise de panique. Même réflexe, plus tard, devant la progression des armées israéliennes : 228 localités se sont vidées (d’après Benny Morris, The Birth of the Palestinian Refugee Problem, cité par Lebeau). En outre, indiquent les documents déclassifiés, les habitants de 41 agglomérations pas trop peureuses ont été expulsés manu militari par les sionistes. En tout, en Palestine, seuls 6 villages ont fui sur des conseils arabes. Cela a suffi pour que, pendant des dizaines d’années, les Israéliens imputent l’exode à leurs adversaires eux-mêmes. Or il est maintenant établi que ni le Comité palestinien ni aucun État arabe n’avaient diffusé de directives pressant la population de partir. Par contre une note secrète de l’armée israélienne émise en juin 48 souligne que « au moins 55 % du total de l’exode a été causé par nos opérations. Et 15 % par l’Irgoun et le Lehi ». Quelques semaines plus tard, un bond effroyable en avant dans les chiffres : quelque 400 000 Palestiniens expulsés par la manière forte. Exécutions sommaires, (250 à Ramallah), pillages et destructions, en Galilée, au Néguev poussent le ministre de l’Agriculture, Zisling, a déclarer le 18 novembre : « Je ne dors pas de la nuit. Ce qui est en cours blesse mon âme. »
Onze ans auparavant, le 7 août 1937 (la Shoah, ce prétexte idéal, est encore loin), Ben Gourion expose ses projets : « Le déplacement de population est le pivot d’un programme de colonisation de portée générale. Heureusement pour nous, le monde arabe dispose d’immenses zones désertes. » Il songe à l’Irak autant qu’à la Transjordanie. Mais c’est vers le Liban, moins revêche, que les Palestiniens partent, souvent à pied. Ils y sont accueillis par des officiels émus. Auxquels Émile Eddé lance cet avertissement prémonitoire : « Ces gens sur lesquels vous versez des larmes feront un jour pleurer nos enfants. » Des révélations qui ont ébranlé la collectivité israélienne ou les universitaires occidentaux, mais qui sont passées inaperçues, ou presque, des Arabes.
En 1998, selon les chiffres (approximatifs) d’une ONG spécialisée, Shami, il y avait 430 183 Palestiniens dans les camps du Liban. Même réduit de moitié, ce chiffre constitue un poids suffisant pour déséquilibrer la balance intérieure, si délicate. L’État libanais ne cesse de le répéter. À tous les coups, il obtient des Arabes un appui aussi ferme que purement verbal, dans son rejet de l’implantation. Personne, même pas les pays riches du Golfe qui font pourtant travailler beaucoup de Palestiniens, ne lui a jamais proposé de lui en prendre une partie. Ou d’en assumer les charges, en attendant une éventuelle redistribution. Et quand on voit la faillite arabe en matière de lutte informationnelle ou de combat juridique, on se demande si l’implantation n’est pas déjà. Un fait accompli.

J. I."

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Souci primordial de Lahoud, l’image du Liban à l’étranger et la saison estivale

Notre président bien-aimé - notez que je dis "nôtre" car même si je n'aurai jamais droit à la nationalité libanaise, ses décisions influent directement sur ma vie depuis quelques années - a décidé qu'il fallait attirer les touristes au Liban et arrêter de montrer une image négative du pays. Négative ? Oui, lorsque les médias du monde entier montre qu'au moins cinq personnes ont été tués par l'armée jeudi dernier lors de la manifestation contre le prix de l'essence, ça fait mauvais genre. "Dans l’esprit du chef de l’État, les médias devraient calmer le jeu et présenter du Liban une image apaisée propice au succès de la saison d’estivage, essentielle pour l’équilibre économique du pays" nous informe l'Orient le Jour. Donc, il faut que les médias obéissent au pouvoir en place, arrête de parler des sujets qui fâchent et disent la vérité : il fait beau au Liban, et les plages attendent les touristes friqués. Mais ça ne s'arrête pas là.

Sur un autre plan, M. Ferzli a sollicité l’intervention du chef de l’État pour qu’une décision rapide soit prise en ce qui concerne l’assainissement de l’eau potable distribuée à Rachaya, dont la teneur élevée en nitrate, réagissant avec le chlore utilisé pour la purification de l’eau, est à l’origine d’un pourcentage de cancers plus élevé que la normale, dans le caza.

Allons, ça ne vous donne pas envie de venir au Liban toutes ces bonnes nouvelles ? Non ? Alors peut-être qu'il faudrait que le Liban se tourne enfin vers la démocratie. Qu'il fasse la paix avec ses voisins, restaure la souveraineté de son armée, et non pas des milices, sur son territoire et instaure une véritable liberté d'expression. C'est si compliqué que ça pour nos dirigeants dans le monde de respecter les droits de l'homme ?

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